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Anonyme
23 décembre 2007

What can you do?

Le_Baiser_de_lHotel_de_Ville_Paris_1950_Print_C10292789

Toutes ces dernières années lui remontaient d'un coup, avec des silhouettes, des phrases, le souvenir des caresses fausses, les lassistudes, les quelques moments d'un bonheur négatif. Il chercha les mots irréparables qui auraient arrêté pour toujours ces discussions périodiquement reprises. Il se jeta à l'eau : “Je ne me marierai pas, - dit-il, - parce que je suis amoureux.”
Et la chose dite, il écouta descendre la pierre dans le puits. Loin, bien loin. Que lui importait maintenant Armandine, et le “C’est donc ça !” qu’elle laissait échapper ? Il était seul, seul dans la pièce et dans l’univers, il n’écoutait plus que cet abîme en lui, il n’écoutait plus que lui-même, le mot lâché, le mot immense et soudain … Il venait de choisir sa route, subitement. C’était sans appel. Il en avait décidé. L’amour. Ce serait donc l’amour. C’était l’amour. Un bouleversement total, une agitation intérieure. L’amour. L’étrange nouveauté de ce mot lui serrait le coeur. Il détourna la tête et regarda le feu. Le feu, les flammes. Des détails infimes de la bûche ardente, avec une frange de cendre blanche sur le bord grillé, l’intéressèrent au-delà de la raison. Et très doucement il retrouva le nom, puis le visage… Bérénice…

Aurélien - Louis Aragon

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